D’accord votre corps n’est pas parfait mais ce n’est pas une raison pour vous dévaloriser. Pour avancer sur le chemin du mieux-être, remettez l’apparence physique à sa juste place et apprenez à valoriser vos atouts.
Quand elle se regarde dans le miroir chaque matin, elle ne peut s’empêcher d’éprouver une pointe de culpabilité. « J’ai toujours été gourmande », reconnaît Barbara, 61 ans. « Si je suis grosse aujourd’hui, je me dis que c’est parce que je me suis trop laissé aller. » Des régimes, elle en a pourtant suivi des dizaines. « Certains ont très bien marché. Sauf qu’au bout de quelques mois, je reprenais bien plus que ce que j’avais perdu. » Alors elle a fini par lâcher l’affaire. « Je suis toujours dans la quête de maigrir mais j’ai cessé d’être dans la lutte », confie-t-elle. Un premier pas sur le chemin de l’acceptation de soi.
SE RESPECTER
« Savoir se respecter est absolument fondamental », insiste le psychosociologue Jacques Salomé. « Car la personne avec laquelle nous passons le plus de temps, qui nous accompagne dans les errances ou les émerveillements de la vie, c’est nous-mêmes. Prendre soin de la relation qu’on établit avec soi-même, se reconnaître une valeur, indépendamment de celle qui nous vient de l’autre, c’est ce qui nous permet de préserver une certaine vivance en soi. »
Plus facile à dire qu’à faire. Surtout dans une société de l’image comme la nôtre… « Sur les réseaux sociaux, chacun ne poste que des photos où il est à son avantage, ce qui crée, chez les autres, un biais de négativité et alimente la machine à comparer », explique Jean-Christophe Seznec, médecin psychiatre. « Plus les autres paraissent superbes, plus nous nous sentons nuls nous-mêmes. »
Pour peu que l’on ait en plus été dévalorisé ou mal-aimé dans l’enfance, et l’on a toutes les chances de développer des complexes. « L’amour donné par les parents ou par les personnes significatives de notre existence constitue le réservoir de base de l’amour de soi », rappelle Jacques Salomé. « Si les parents, en amont, instaurent une relation gratifiante, les enfants vont se construire sur une base d’amour envers eux-mêmes, un amour fait de confiance et de respect. En revanche, s’ils tiennent des propos dévalorisants ou disqualifiants, quel que soit l’amour qu’ils éprouvent, les enfants risquent d’avoir une mauvaise estime d’eux-mêmes. » C’est ce qu’a vécu Annabelle Demouron, 46 ans, journaliste d’entreprise en Auvergne. « Enfant, j’avais un poids tout à fait normal », raconte-t-elle. « Mais comme j’aimais bien manger, mes parents, qui étaient tous deux extrêmement minces, avaient peur que je devienne aussi grosse que ma grand-mère. C’est comme cela que je suis tombée dans l’engrenage des régimes à l’adolescence. » Il a fallu qu’elle subisse en 2012 un œdème papillaire avec un début de perte visuelle pour enfin arriver à en sortir. « Quand j’ai appris que l’effet yoyo pouvait en être la cause, cela m’a fait beaucoup réfléchir », témoigne-t-elle. « Au lieu de courir après la minceur, je me suis alors fixé pour objectif de me stabiliser en trouvant mon bon poids. Pas celui imposé par les diktats sociétaux mais celui qui me correspondait vraiment et me permettait d’être équilibrée. » Bien sûr, cette liberté d’être ne s’acquiert pas en un claquement de doigts. Elle se construit lentement, avec courage et ténacité. « Etre soi au présent de sa vie impose un travail sur soi », confirme Jacques Salomé. « Il faut prendre la responsabilité de son propre développement personnel et spirituel et faire ce que j’appelle un travail d’archéologie personnelle.
PARCOURS DE POIDS
Un long cheminement intérieur pour apprendre à s’écouter, à se découvrir, à reconnaître et accepter ses propres sentiments, à identifier les imprévisibles ressources intérieures qui nous habitent. » Pour Annabelle, la quête de soi est passée par l’écriture. En 2012, elle a sorti Ex-fan des régimes, un livre de témoignage dans lequel elle retraçait avec humour tout son parcours de poids. « Ce travail d’introspection m’a aidée à remettre les choses en perspective, à mieux me connaître et à me concentrer sur ce qui est vraiment important dans ma vie : en l’occurrence, donner du bonheur aux autres. » Or Annabelle le sait : impossible de devenir un bon compagnon pour autrui si on n’en est pas un pour soi-même. Plutôt que de se focaliser sur ses défauts, elle s’efforce donc aujourd’hui de mettre en valeur ses atouts et de se nourrir de sa différence. « Si on veut réussir dans la communication quand on n’est pas Cindy Crawford, il faut se montrer beaucoup plus tout : plus intelligente, plus drôle, plus cultivée », souligne-t-elle. « Ma richesse à moi, c’est d’être à l’aise dans n’importe quel milieu, alors j’ai décidé de m’en servir ! »
« Pour moi, la normalité n’existe pas »
Prothésiste dentaire à Beaumont, Mélanie Catala, 25 ans, a terminé sur la deuxième marche du podium au concours Miss Curvy Auvergne 2018. Un succès qu’elle dédie à toutes les femmes rondes d’ici et d’ailleurs.
« A l’école, on m’appelait « la grande girafe ». Parce que j’ai toujours été plus grande et plus massive que tout le monde. Mais on ne peut pas dire que j’étais ronde. J’ai vraiment commencé à prendre du poids quand je suis partie de chez mes parents. Parce que je me nourrissais mal. Je n’avais pas spécialement de complexes. Jusqu’à ce que des proches me disent qu’ils n’osaient pas sortir à côté de moi dans la rue, qu’ils avaient honte. Là, ça m’a vraiment fait mal. Je suis donc allée voir une nutritionniste pour suivre un régime. J’ai réussi à perdre 15kg. Mais six mois plus tard, j’en avais repris une trentaine… Avec le temps, j’ai appris à m’accepter comme je suis.
Pour moi, la normalité n’existe pas. Qui a décrété qu’untel était normal avec ses 36kg et untel ne l’était pas avec son 44 ? L’an dernier, j’ai donc participé au concours de Miss Curvy Auvergne et j’ai fini première dauphine. Mon but n’était pas de gagner mais d’aider les autres femmes rondes à prendre confiance en elles. Parce qu’elles ne pourront jamais être acceptées des autres si elles ne s’acceptent pas elles-mêmes. Les mentalités commencent à changer au sein de la société. On trouve de plus en plus de vêtements de grande taille dans les magasins. Et j’espère que ce n’est que le début. Toutes les femmes ont le droit de se sentir belles ! »